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Channel: Le blabla de Jasmin
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Le coup de foudre

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Je l'ai connu, celui qui te prend par surprise et qui te retourne de l'intérieur et l'extérieur. Ça peut paraître dingue d'aimer une personne à la minute ou vous la voyez, c'est tout sauf rationnel. 

Et pourtant ça m'est arrivé. Il y' a 12 ans. Je faisais mon Service Volontaire Européen en Allemagne. C'était lors d'un séminaire à Munich, c'était notre avant-dernier jour et on avait organisé une soirée. Je me suis retournée et il était près de l'ascenseur, il me regardait alors je lui ai fait signe. Mon côté trop sociable me perdra. Il a regardé mes CDs, on a parlé musique, je lui ai proposé de rester mais il a refusé. J'étais à mille lieues de l'amour, je l'ai laissé partir, ça m'était égal. J'étais juste un peu déçue.

Et puis BOOM. 

Une copine est venue me voir pour me dire que le garçon à qui je parlais tantôt était assis sur les marches, tout seul. J'y suis allée, je me suis assise à côté et on a discuté. Pendant des heures. Il était canadien anglophone (non mon immigration là-bas n'a rien à voir avec cela) et on peut dire que grâce à lui, mon niveau en anglais a monté en flèche. Il m'a dit vouloir me voir le lendemain, franchement je n'y croyais pas trop. J'ai pensé qu'il disait ça en l'air, pour être sympa. Et puis le jour suivant, quand je suis rentrée d'une excursion, il était assis sur les marches (oui encore) à l'entrée de l'auberge de jeunesse, je lui ai dit bonjour tout naturellement. A aucun moment je ne m'étais imaginée qu'il m'avait attendue là, pendant des heures. Franchement, qui fait ça? Il m'a présenté son ami/compagnon de voyage qui parlait un peu français. Il m'a raconté sa journée et m'a demandé si on pouvait se voir le soir. C'était trop tard pour reculer alors j'ai dit oui. Mais là encore je n'y croyais pas. Sauf que si, il est rentré et comme convenu on a passé la soirée ensemble. A discuter et un peu s'embrasser. Rien de plus. Tout ça sur fond de Radiohead. Paye ton cliché. Avant de se quitter, on s'est donnés nos coordonnées, j'ai compris que j'étais perdue. Pour de bon.

Il aurait dû partir le lendemain matin de bonne heure pour prendre un train en direction de Zurich. Avec son ami. Sauf qu'il ne l'a pas fait. J'étais dans notre salle de séminaire, on échangeait avec les autres participants nos ressentis sur cette rencontre à Munich. Et puis j'ai levé la tête, je l'ai vu, derrière la porte, il m'observait intensément. Mon coeur a fait des bonds, j'étais définitivement perdue. Je suis allée le rejoindre, il m'a dit ne pas pouvoir partir, qu'il avait encore besoin de me voir, il m'a dit plein de belles choses qui m'ont fait tourner la tête. Seulement, il y' a une chose qu'il n'avait pas osé me dire.

Tu devines quoi? 

Il avait une petite amie. Je l'ai su par email. Et pour s'excuser, il m'a laissé un message sur mon répondeur. Il a prétexté qu'il ne voulait pas gâcher nos aurevoirs, je l'ai cru, enfin, j'avais envie de le croire. Suite à cela on a entretenu une correspondance par mail. Je me tapais 1h de train A/R pour aller à Freiburg (j'habitais un village de 400 habitants) et vérifier dans un café internet ma boîte caramail. Oui, c'était à ce point là. Quand j'ai appris qu'il avait quelqu'un j'ai eu mal à en crever et j'aurais dû stopper net notre communication. Je ne voulais pas être ce genre de fille tu comprends. Sauf que j'ai été lâche, je n'en ai pas eu la force. Il m' inondait de belles paroles, j'avais besoin, envie de les entendre. Je me suis laissée consumer. Je pensais à lui du matin au soir. C'était devenue une obsession. Mon obsession. Alors un jour je lui ai écrit qu'il fallait qu'il fasse un choix et il m'a répondu qu'il n'en avait jamais été question (toi aussi tu as envie de le traiter de salaud?). Je m'étais faite avoir, j'ai pleuré pendant des heures, j'en avais mal au ventre, j'avais envie de crier, de faire sortir la douleur. J'ai décidé de ne plus lui écrire. Et puis 6 mois après j'ai craqué, et c'était reparti de plus belle. J'étais devenue dépendante de nos échanges, c'était mieux que rien. Parce que le rien je ne le supportais pas. Ce qu'il m'écrivait était toujours ambigüe, une façon de garder le contrôle sur moi. Et il y réussissait très bien.

On est restés en contact de cette façon, on et off. Pendant des années.

Quand j'ai habité à San Francisco on s'est mis à utiliser MSN. Je basculais un peu plus dans le côté obscur de la force. Et puis un jour, il m'a annoncé qu'il avait rompu avec sa petite amie avec qui il était depuis 7 ans (la même qu'au début de mon histoire). Je me suis dit que c'était l'occasion, qu'il fallait que je le voie. J'ai acheté un billet d'avion et j'ai fait San Francisco-Toronto pour 3 jours. Ça fait beaucoup d'heures d'avion. Il était content de ma visite, j'étais nerveuse, lui aussi. Ça s'est bien passé, ce fut intense. Il m'a présentée à ses amis mais j'avais l'impression de ne pas être à ma place et surtout d'être la salope qui brisait un couple même si ce n'était pas le cas. Le matin de mon départ on était triste, il m'a demandé de rester mais ce n'était pas possible. Pourtant mon coeur, mon corps me criaient de rester. Mais ma raison a pris le dessus. Je suis rentrée à San Francisco et la distance entre lui et moi s'est établie. Au sens propre comme figuré. Et puis il a été dur, il m' a fait mal et j'ai arrêté de lui écrire. Encore. Mais tu l'as compris, j'ai craqué à nouveau.

Quand je suis partie vivre au Canada, nous n'étions plus en contact. Je vivais ma vie. Et puis un jour je suis allée voir une amie à Toronto (à l'époque j'étais à Montréal) et en repartant, pour aller prendre mon bus, sur le chemin, je l'aperçois avec un livre à la main à la terrasse d'un café. Le hasard ne fait pas toujours bien les choses. J'ai fait comme si je ne l'avais pas vu. C'était mieux comme ça. Mais il m'a écrit et j'ai replongé. La tête la première. Ça rimait à ça notre histoire, du un peu n'importe quoi. Et quand j'essayais de faire une croix sur lui, il réapparaissait. Comme par magie. Un jour dans le streetcar (quand j'habitais à Toronto), il est venu s'asseoir à côté de moi, on a parlé, on était content de se retrouver et j'ai naïvement pensé qu'on pourrait devenir amis. Mais ça ne fonctionnait pas. On se faisait du mal. Et il était toujours dans l'ambiguïté, c'était insupportable. Le pire c'est  quand j'ai réalisé qu'il travaillait à côté de chez moi. Je me suis dit que j'avais dû faire vraiment quelque chose de mal dans une vie antérieure. Je le croisais presque tous les matins. Il était distant avec moi. J'en avais assez de sa façon d'agir alors moi aussi j'ai pris mes distances. Sauf qu'il arrivait parfaitement à jouer avec mes nerfs, mes émotions. Alors quand je m'y attendais le moins, il faisait un pas vers moi, mais ça n'était jamais bon signe. Je lui ai dit et il a été ignoble. Par écrit car il était trop lâche pour me dire tout ça à l'oral.
Et il y' a plus de trois ans, j'ai coupé les ponts. Pour de bon cette fois-ci. Quand je le voyais je faisais comme si je ne le connaissais pas. Ce n'était pas pour prouver quoi que soit, non, c'était pour me protéger. C'était la seule façon de m'en détacher et le temps a fait son oeuvre. J'ai appris aussi qu'on ne force pas les amitiés. Il ne voulait pas de moi dans sa vie et il était temps que je l'accepte. Temps que je redescende sur terre.

Je ne regrette rien, ni les fois ou je n'arrivais plus à respirer à cause du chagrin, ni celles qui me tenaient éveillées. Parfois je me suis reprochée de lui avoir laissé prendre trop d'emprise sur moi, je me  suis trouvée faible, folle même. Mes amis ont tenté maintes et maintes fois de me faire revenir à la raison, mais en vain. Je me sentais tellement vivante. Peut-être pas de la meilleure façon qui soit, mais j'aimais. D'un amour sans nom. Ou alors ce n'était pas de l'amour. Disons pas un amour raisonnable. Et je ne pense pas que je serais capable d'aimer à nouveau avec cette force là. Heureusement car c'est bien trop éprouvant.

J'ai tenté d'analyser cette histoire, de trouver le pourquoi du comment et je n'écarte pas la thèse du pervers narcissique. Mais j'ai décidé de laisser tomber. À quoi bon tenter d'expliquer l'inexplicable. Effectivement, j'ai peut-être aimé un gros con, et alors? N'en reste pas moins que j'ai sacrément progressé en anglais.Ça arrive à plein de gens. Tous les jours.

Tu vois, mon coup de foudre n'a pas d'happy end mais tant pis.  Ainsi va la vie. De toute façon, le principal, c'est que j'en sois ressortie indemne. Et quand j'y pense maintenant c'est avec le sourire, en me disant que quand même, j'ai toujours été une putain d'romantique.



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